- Pandémie : En Europe, les gouvernements continuent de planifier la sortie de crise sanitaire, avec une ouverture des économies. Ainsi, le gouvernement Italien a annoncé vouloir entamer une levée des restrictions à la mobilité et l’ouverture d’un grand nombre d’activités dès le 26 avril. En France, des propositions similaires voient le jour. En même temps, dans les pays européens les vaccinations progressent à bon rythme même si pas encore à la vitesse souhaitée, toujours à cause d’une arrivée moins importante que prévue de vaccins. Il est encore difficile de dire si ces ouvertures se réaliseront comme prévu, mais elles sont en ligne avec notre prévision d’une accélération de la croissance au cours du 2T21. En même temps, dans les pays émergents, les statistiques restent mauvaises. En Turquie, par exemple, on observe une explosion des contaminations, alors qu’en Inde, l’accélération des contagions n’arrive pas à être endiguée. En revanche, au Brésil on constate un tassement, même si le niveau des contagions reste élevé. Ces évolutions, constitueront évidemment des obstacles à la croissance à court terme, d’autant plus que les campagnes de vaccinations ne progressent pas rapidement.
- Politique : L’activisme de l’administration Biden en termes de relations internationales a pris un nouvel élan au cours de derniers jours. Malgré l’invitation pour une rencontre du président américain au président russe, V. Putin, les États-Unis ont décidé d’introduire de nouvelles sanctions envers des dirigeants russes. En effet, ces sanctions ont pour origine, notamment, l’immiscion de la Russie dans les élections américaines. Soulignons que parmi les actions, les banques américaines ne peuvent plus acheter ni participer à l’émission de dette de l’État russe. Les tensions sont montées d’un cran ce week-end avec les nouvelles sur la détérioration de l’opposant russe, N. Navalny, alors qu’il est emprisonné. À ce stade, il est difficile de voir un impact au-delà des actifs russes, mais le marché y prêtera attention. En même temps, avec son retour dans l’accord de Paris pour le climat, les États-Unis entendent entamer des discussions bilatérales avec la Chine afin de définir des stratégies communes pour lutter contre le réchauffement climatique. À ce stade, il n’est pas clair quel type de discussions auront lieu. Néanmoins, ceci pourrait s’avérer un facteur très prometteur pour donner un coup d’accélérateur à la dynamique de l’accord de Paris.
- Marchés : Les premiers résultats des entreprises semblent bien vérifier le très fort rebond attendu des profits au 1T21 comparé à l’année dernière. Ceci est de bonne augure pour soutenir encore le marché et alimenter de prévisions solides pour la plupart des économies développées, notamment américaine. Ceci est d’autant plus favorable, que les taux longs ont reculé outre-Atlantique, avec le marché obligataire toujours « prisonnier » des banques centrales et leur tentative de maintenir les taux réels très déprimés pour encore un temps. Par ailleurs, dans la dynamique de reprise américaine et les résultats des banques, on voit le comportement des entreprises et des ménages qui semblent utiliser l’amélioration de leur situation financière apportée par la reprise et les aides gouvernementales pour réduire leur utilisation du crédit bancaire. Cette évolution peut être, comme le pense J. Dimon, le PDG de JP Morgan, un facteur positif pour le futur, en donnant aux ménages une capacité plus forte d’endettement pour soutenir la croissance. En même temps, elle peut alimenter les critiques sur le fait que le gouvernement en a trop fait pour soutenir l’activité avec son nouveau plan, finançant le désendettement des ménages par de l’endettement public, tout en risquant une surchauffe trop importante de l’économie.
Les bourses des pays développés continuent leur ascension, soutenues par les anticipations de reprise forte des résultats, alors que les politiques reflationnistes alimentent la hausse des multiples. Ainsi, les bourses américaines et européennes sont déjà en hausse de plus de 10% depuis le début d’année, avec toujours une dynamique favorable, d’autant plus que les taux d’intérêt à long terme, notamment aux États-Unis ont connu ces derniers jours un fort retrait. La baisse des taux longs, reflète ce mouvement paradoxal d’une baisse des taux réels dans une période où la reprise de l’économie qui s’installe devrait être une des plus fortes des décennies passées. En effet, les anticipations d’inflation restent à des niveaux élevés, proche des sommets atteints au cours de la dernière décennie.
Ainsi, les taux réels y compris la prime de terme restent relativement déprimées par rapport à toute référence historique. Comme nous l’avons déjà discuté, il est difficile d’y voir une quelconque capacité du marché obligataire à anticiper un avenir durablement déprimé de l’activité. En revanche, nous le savons, les taux longs reflètent surtout l’expérimentation qui se poursuit d’une politique monétaire ultra accommodante ayant pour but d’ancrer les anticipations d’inflation à des niveaux proches des objectifs des banquiers centraux, tout en soutenant l’économie réelle le plus fortement possible. Dans ce contexte, la « sur-valorisation » des actifs financiers restera un fait collatéral inévitable.
En dépit de la puissance des banques centrales, nous pensons toujours que les taux longs devraient continuer leur ascension, poussés par une réalité qui excèderait les prévisions de modération anticipée par les banquiers centraux.
Aux États-Unis, les résultats des grandes banques ont révélé une caractéristique particulière de cette reprise économique. En effet, l’amélioration considérable de la profitabilité des banques n’est en rien venue d’un gonflement des crédits octroyés à l’économie, au contraire ceux-ci sont contractés. Ce phénomène de retard à l’allumage du crédit n’est pas une chose complétement inusuelle, néanmoins en cette occasion, elle reflète en partie la manière dont le gouvernement américain a décidé de soutenir l’activité à court terme.
Il semble assez clair que les ménages américains aient profité des largesses du gouvernement pour certes se remettre à consommer, mais aussi à réduire leur endettement. Ainsi, de manière symptomatique on voit comment ils ont réduit très fortement leur exposition au crédit à la consommation, à coût élevé, ceci étant notamment reflété dans la réduction des encours sur les cartes de crédit.
Comme l’a indiqué J.Dimon le PDG de J.P. Morgan, cette amélioration de la santé financière des ménages est surement de bonne augure pour l’avenir dans cette phase de reprise de l’activité. Ainsi, les ménages auront une capacité d’emprunt bien supérieure quand l’activité sera normalisée et ainsi soutenir la croissance de manière plus durable. En même temps, cette évolution continuera à alimenter le débat sur le dosage de la politique budgétaire américaine en cette phase de reprise. Financer le désendettement des ménages avec de l’endettement public alors que l’activité reprend ne semble pas la politique plus optimale. Toutefois, le vrai débat sur ce plan de soutien américain, qui aura lieu dans les trimestres à venir, concernera la potentielle surchauffe qui pourrait se manifester.
Source : La Banque Postale Asset Management