Au cours des 12 derniers mois, plus de 700 SPAC* ont envahi la bourse de New York, capturant plus de 200 milliards de dollars.
En fin d’année dernière, la capitalisation boursière de Tesla représentait à elle seule plus que celle des neuf plus grands constructeurs automobiles mondiaux additionnées**. En janvier 2021, des bataillons de spéculateurs particuliers ont pris d’assaut la citadelle des hedge funds et l’action Gamestop a été catapultée jusqu’à une altitude vertigineuse.
Les signes d’excès se multiplient et cette question devient récurrente: les politiques monétaires et fiscales ultra généreuses ont-elles créé les conditions d’une bulle spéculative à la bourse américaine?
Nous ne le pensons pas. Et voici pourquoi.
Frémissant, mais pas bouillant
Les valorisations du marché américain sont arrivées à des niveaux extrêmes. Le ratio cours sur valeur comptable du SP500 approche de ses niveaux de l’année 2000, de triste mémoire. Et la capitalisation boursière des actions américaines en pourcentage du PIB a depuis longtemps battu ses précédents records. Voilà de quoi s’inquiéter.
Mais les bulles spéculatives se sont souvent accompagnées d’un enthousiasme généralisé des investisseurs. Or, plusieurs indicateurs nous montrent que ce n’est pas encore le cas. Les flux au niveau des fonds en actions sur les douze derniers mois ont été plutôt maigres. La volatilité des options ne s’est pas effondrée. L’optimisme des particuliers est bien là, mais sans explosion de joie, ainsi que le montre la proportion entre haussiers et baissiers chez les investisseurs privés américains. Au fond, ce rallye phénoménal depuis mars dernier a été peu aimé et peu suivi. Du côté des entreprises aussi, nous n’avons assisté ni à une furie de fusions-acquisitions ni à la boulimie pour le crédit qui avait souvent annoncé les précédentes bulles.
Il est clair que notre indicateur de bulle frémit. Mais si, comme nous le disions en introduction, de petites bulles apparaissent, la casserole est loin de déborder. Attention toutefois au rythme de progression actuel, nous y serons dans quatre mois. A surveiller…
Source : Pictet AM Par Frédéric Rollin