- Pandémie: Comme on pouvait s’y attendre la progression rapide des contagions force les gouvernements en Europe à continuer de contraindre davantage la mobilité des personnes. Ainsi, la France a finalement élargi à l’ensemble du territoire les mesures de restriction qui avaient déjà été imposées dans 19 départements. Ces règles de restriction s’appliqueront pendant 1 mois. Comme nous l’avons déjà indiqué l’impact économique n’est pas simple à quantifier. Ce qui est certain est qu’en fermant les commerces de détail, hors un petit nombre notamment les commerces alimentaires, il aura un coût économique en ce début de 2T21, contrariant l’hypothèse d’un rebond fort de l’activité en Zone Euro. D’autres pays pourraient suivre avec des mesures contraignant davantage le mouvement des personnes au cours des semaines qui viennent tant la progression des contagions est rapide. Néanmoins, le scénario central doit rester celui d’un rebond de l’activité vers la fin du 2T21 et s’accélérer par la suite, en grande partie grâce à la montée en puissance des vaccinations. Par contraste, aux Etats-Unis, malgré la montée des contagions dans certains Etats, l’ouverture se poursuit. Il faut dire que les vaccinations continuent à vive allure, ce qui devrait permettre au président Biden de gagner son récent pari de vacciner plutôt 200 millions de personne dans les 100 premiers jours de sa présidence au lieu de 100 millions prévus initialement.
- Politique : C’était l’annonce attendue de la semaine, le plan d’infrastructure du président Biden. Au total, au-delà des détails, le président a dévoilé ce premier volet de ses ambitions en termes de relance, se focalisant essentiellement sur les infrastructures matérielles, visant à les rénover mais aussi à impulser la transition énergétique tout en intégrant des dépenses et incitations pour la recherche. Soulignons que ce plan, L’American job plan (AJP), comme son nom l’indique vise tout d’abord à créer des emplois tout en améliorant la compétitivité de l’économie américaine. Au total, il représente 2200 milliards de dollars qui seront dépensés sur les 8 ans à venir. Soit, 275 milliards de dollars par an (1,3% du PIB). En ce sens, l’impact sur la croissance sur l’année à venir sera faible, d’autant plus que ces dépenses seraient faites de manière très progressive. En outre, le plan est financé en grande partie par des hausses d’impôt, avec notamment la hausse des impôts sur les sociétés. Le taux d’imposition est porté à 28% contre 21% aujourd’hui, et l’impôt sur les bénéfices à l’étranger est porté à 21% contre un taux effectif de10,5% aujourd’hui et sa base est élargir afin de combattre l’optimisation fiscale que les entreprises réalisent dans leurs opérations en dehors des Etats-Unis. Reste maintenant, la bataille au Congrès pour son adoption. Celle-ci s’annonce rude, notamment sur les hausses d’impôt. On ne doit pas s’attendre à un accord avant plusieurs mois sur un plan final.
- Marchés : Le plan d’infrastructure ne s’est pas traduit par un impact massif sur le marché, même si les taux longs se sont quelque peu tendus. Le marché devra digérer les hausses d’impôts à venir et les effets favorables de dépenses sur l’économie, notamment sur les secteurs qui seront les plus grands bénéficiaires et les plus grands perdants. D’ores et déjà les exploitants d’énergies fossiles seront parmi les perdants avec la suppression des subventions dont ils bénéficiant jusqu’à maintenant. A plus court terme, le marché restera focalisé sur l’évolution de la reprise économique. Le PMIs en Chine pour le mois de mars ont donné une vue contrastée sur la situation du secteur manufacturier, avec notamment l’enquête Markit/ Caxin montrant la poursuite de la modération de l’activité. On peut s’attendre à ce que l’activité manufacturière dans nombre de pays ait continué à bien se porter et toujours à des tensions sur les coûts de production.
La rapide dégradation de la situation sanitaire en Europe pousse finalement les gouvernements à maintenir les contraintes à la mobilité voire à les accentuer. Hier, Emmanuel Macron a annoncé que les restrictions qui touchaient 19 département allaient s’étendre à l’ensemble du territoire alors que les écoles et lycées allaient être fermés pendant trois semaines.
Ces décisions auront évidemment un impact négatif sur la croissance mais dont l’ampleur est encore difficile à quantifier. Un impact trivial sera celui de l’arrêt des activités de commerce de détail hors secteurs considérés comme de première nécessité. En revanche, sur certaines activités, notamment dans l’industrie, l’impact devrait être assez limité. Quoiqu’il en soit, comme nous l’avons déjà signalé, c’est l’activité dans l’ensemble de l’Europe qui sera affecté en ce début de 2T21. De fait, d’autres gouvernements devraient prendre des mesures similaires. On attend aujourd’hui la décision du gouvernement Italien concernant la dégradation de la situation sanitaire, mais il ne fait peu de doute que cela ira dans le sens d’au moins maintenir les restrictions actuelles. Ainsi, on ne peut pas s’attendre à une dynamique d’ouverture des économies européennes avant au moins un mois.
La situation européenne contraste avec l’évolution aux Etats-Unis où la dynamique d’ouverture se poursuit, même si dans quelques Etats les contagions connaissent aussi une hausse importante. En même temps, la campagne de vaccinations a encore accéléré, ce qui devrait permettre au président Biden de réussir son nouvel objectif de vacciner 200 millions de personnes d’ici la fin des 100 premiers jours de sa présidence, soit d’ici fin avril.
Le président Biden, comme attendu, a annoncé un plan important d’infrastructures de 2200 milliards de dollars qui devraient s’étaler sur 8 ans. Il est important de retenir que tout en visant à renouveler les infrastructures du pays, l’objectif essentiel du plan est la création de emplois. De fait son titre est « the American jobs plan » (AJP). Pour ce se faire, le projet d’investissement couvre un spectre très large de domaines et s’appui, sur ce qui est connu de tous, soit le manque d’investissements en infrastructure au cours de dernières décennies. Ainsi, le président Biden a rappelé que les Etats-Unis se classaient seulement 13ème sur le plan de ses infrastructures au niveau mondial. Parmi les grands postes, on trouve près de 450 milliards de dollars qui seraient consacré à la rénovation des infrastructures routières. Aussi, un plan important sera lancé pour accroître l’accès des américains à internet de plus 100 milliards de dollars. Sans oublier un plan sur l’éducation, la formation et du social, avec notamment 100 milliards qui seraient consacrés à la formation ou plus de 200 milliards pour la construction de logements pour les moins fortunés. Plus de 180 milliards seraient consacré à la recherche développement, et plus de 170 milliards pour l’électrification du parc automobile avec l’installation de plus de 500000 bornes de recharge.
Par ailleurs, pour accélérer la transition énergétique les subventions à l’industrie d’énergie fossile vont être éliminées.
Ce plan va être financé par des levées d’impôts, dont notamment l’impôt sur les sociétés qui devrait être porté à 28%, à partir de 21% aujourd’hui suite aux baisses d’impôt de l’administration Trump. En outre, l’impôt sur les bénéfices réalisés à l’étranger seraient taxés à 21% contre un taux effectif aujourd’hui de 10,5%. Ceci viserait à élargir la base d’imposition et surtout combattre les pratiques d’optimisation fiscale des multinationales américaines.
Il reste maintenant à la Maison Blanche de clarifier tous les détails de ces propositions pour que ce plan soit discuté par le Congrès. Evidemment la bataille sera rude et il est assez probable que comme pour le dernier plan de soutien, ce seront les Démocrates qui feront passer la loi. Il n’empêche que même au sein des Démocrates il y aura de réticences ou de demandes supplémentaires. En particulier, des discussions ardues auront lieu sur la hausse des taux d’imposition. Il est probable qu’au final les hausses soient plus faibles qu’annoncées. L’adoption de ce plan aura difficilement lieu avant le milieu de l’été.
Enfin, il est difficile de s’attendre à un impact rapide sur l’activité, dont l’impact annuel sera relativement faible même si on peut compter sur 0,5 à 1 point de PIB par an de soutien supplémentaire à l’économie. Par ailleurs, ceci n’est qu’un des plans qu’envisage le président Biden pour relancer et moderniser l’économie en accentuent l’aspect social et réduction des inégalités. Prochainement un plan d’investissement essentiellement consacré à « capital humain » devrait être annoncé.
Au total, ce plan ne change pas la donne sur les marchés à court terme. L’attention des investisseurs restera portée sur la pandémie et sur la force de la reprise américaine et les éventuelles tensions sur les prix. Néanmoins, ce plan montre l’ambition de l’administration Biden et ceci poussera le marché à chercher les gagnants et perdants. En outre, les hausses d’impôts sur les sociétés à venir devra être intégrée dans les perspectives de bénéfices.
Source : La Banque Postale Asset Management