Après les augmentations plus rapides que prévues, effectuées la semaine précédente par les banques centrales des pays émergents cette semaine a été marquée par plusieurs décisions de maintien du statu quo sur les taux, avec des significations différentes :
• Statu quo restrictif de la BSP aux Philippines. L’inflation globale a atteint 4,7 % en ga en février, tandis que la tendance de l’inflation sous-jacente était en hausse à 3,5 % en ga. La BSP prévoit que l’inflation globale se situerait en moyenne au-dessus de l’objectif pour 2021. Malgré la pandémie qui continue de peser sur les perspectives d’inflation, les contraintes liées à l’offre maintiennent le coût de la vie élevé. Bien que la BSP se soit contentée de maintenir sa position accommodante au vu des performances économiques, il est indéniable qu’elle a adopté une attitude plus restrictive si l’on considère sa promptitude à réagir à la hausse plus importante que prévue de l’inflation et au risque qu’elle représente pour les objectifs de stabilité des prix et de stabilité financière. Compte tenu du caractère non conventionnel de la politique monétaire et de la situation budgétaire tendue, nous pensons que le cycle de resserrement débutera plus tôt que prévu, notamment au second semestre de 2021.
• Le ton de la SARB reste neutre en Afrique du Sud, la banque ayant voté à l’unanimité le maintien inchangé de ses taux, après le vote divisé à 3 contre 2 de la réunion de janvier (trois membres avaient alors voté pour le maintien du statu quo et deux pour une baisse de 25 pb). La SARB reconnaît que sa politique monétaire est accommodante, mais malgré une révision à la hausse de ses prévisions s’attend à ce que l’inflation reste maîtrisée. Les marchés ont déjà commencé à anticiper une voire deux hausses pour cette année, mais les décisions de la SARB « dépendront de l’équilibre des risques pesant sur les perspectives ».
• Fin du cycle d’assouplissement au Mexique, hausses en vue dès 2021. Après une baisse de taux votée à 5 contre 0 en février, Banxico a maintenu sa position inchangée en mars avec la même unanimité. Banxico constate la montée inquiétante de l’inflation et s’inquiète pour la stabilité financière. La formulation vague des orientations prospectives de Banxico n’a pas mis fin au cycle d’assouplissement, celle-ci indiquant que les décisions futures dépendraient des données disponibles. Nous pensons que la fenêtre pour de nouvelles baisses s’est refermée et nous anticipons 75 à 100 pb de hausses cette année pour les trois raisons suivantes : l’inversion du cycle de liquidité mondial, la pression des pairs et la sousestimation des risques inflationnistes et politiques.
Source : Amundi