Les épargnants français sont habitués à investir dans des entreprises cotées en bourse, soit en direct, soit via des fonds d’investissement (ou OPCVM). Aujourd’hui, nous avons demandé à Nicolas Boutry, Partner Olifan Group et Responsable de l’Expertise Investissement Financier, et Michel Liberatore, Partner Olifan Group basé à Grenoble, de nous parler de leur pratique du « Private Equity ». Aussi appelé capital risque ou capital investissement dans sa version française, il s’agit de l’investissement dans des entreprises non cotées. Ce type d’investissement, pendant longtemps réservé aux investisseurs institutionnels et aux grandes fortunes, présente de nombreux avantages pour nos clients privés dans la construction de leur patrimoine.
Pour commencer, diriez-vous que le capital investissement est un investissement et / ou un accompagnement dans le développement des entreprises ?
Pour partir d’une définition globale et simple, disons que le Private Equity est une prise de participation, minoritaire ou majoritaire, au capital d’une entreprise non cotée. Il s’avère que la prise de participation, que ce soit en capital ou en dette, est associée à un accompagnement de l’entreprise par le gérant de Private Equity. Cet accompagnement va au-delà du financement. En effet, le gérant de Private Equity est un professionnel qui, du fait de son expertise et de son expérience, peut par exemple prendre part à la définition du business model et à sa mise en œuvre.
Existe-t-il plusieurs formes de Private Equity ?
La réponse est oui.
On peut notamment citer 3 grandes catégories de capital investissement, dont le principal élément de différenciation est le stade de développement de l’entreprise, et son positionnement dans le cycle de vie d’une entreprise (R&D, développement, maturité…).
- Le Capital Innovation, ou Venture Capital, accompagne les jeunes entreprises, au stade de « startup ». Elles sont encore à un stade où elles testent leur business model et les résultats sont plus aléatoires. Le risque est là, et la promesse de performance importante également.
- Le Capital Croissance, ou Growth Capital investit dans des entreprises plus établies qui offrent aussi plus de visibilité. Ce sont des entreprises en phase d’hyper croissance dans le domaine de l’innovation technologique ; elles affichent des taux de croissance annuelle de leur chiffre d’affaires de 50 à 100%.
- Le Capital transmission, ou LBO pour Leveraged Buy-Out, concerne enfin des entreprises plus matures, qui ont à cœur de fluidifier leur capital et de financer leur développement. Avec le LBO, nous ne sommes pas loin de l’univers des Small Caps. Le marché est plus profond et est une source de diversification pour l’investisseur. Du fait de la maturité des entreprises et de la profondeur du marché, le risque est aussi moindre alors que les perspectives de performance restent intéressantes.
Dans les 3 cas, l’objectif est d’accompagner le développement de l’entreprise et de ses performances. Ce sont des placements qui ont un potentiel de rendement élevé.
A qui s’adresse l’investissement en Private Equity ?
Les recommandations que nous faisons à nos clients reposent sur une analyse précise de leur situation patrimoniale, de leur profil de risque et de leurs objectifs. A ce titre, les contraintes liées à la liquidité de ce type d’investissement sont une des considérations. En soi, le Private Equity est une source de diversification par rapport aux marchés financiers cotés. La multiplicité des segments, liée aux différents stades du cycle de vie de l’entreprise, est une opportunité de diversification supplémentaire.
Investir dans du Capital Innovation ou du Capital Croissance permet d’accompagner des entreprises innovantes de la nouvelle économie par exemple. Le Capital transmission / LBO est positionné sur des entreprises plus matures, qui peuvent se trouver dans divers secteurs tels que l’industrie, les biens de consommation et les services. Chaque segment comporte un niveau de risque plus ou moins élevé et un potentiel de rendement qui en découlent (pour rappel, plus le risque est élevé, plus les perspectives de rendement le sont aussi). L’objectif et la tolérance au risque du client auquel nous recommandons telle ou telle solution sont donc de bons indicateurs pour l’orienter vers un type de capital investissement plus qu’un autre.
Avez-vous d’autres critères de sélection ?
L’univers d’investissement en non coté est très large. Aussi, la sélection des entreprises est-elle capitale et la qualité de gérant, ou de la société de gestion, fait la différence. Conformément à notre statut de société de conseil, notre rôle est de sélectionner des sociétés de gestion qui nous permettent de délivrer une performance optimale avec un risque maitrisé. Le travail d’un gérant est de rencontrer les entreprises, écouter leurs projets et analyser leurs besoins de financement et la rentabilité attendue. Dans notre sélection, nous privilégions les gérants, ou sociétés de gestion, ayant une réelle expertise dans l’industrie ou le secteur concerné.
Quels sont les atouts du Private Equity ?
Le Private Equity dispose de nombreux atouts inhérents à la nature même de son univers d’investissement, le non coté. Voici une liste non exhaustive.
Plus de temps
Dans son recours au Capital Investissement, l’entreprise cherche à financer un ou des projets de croissance basés sur une thèse d’investissement. Le temps du Private Equity est un temps long. On parle généralement de cycles de 5 à 8 ans. Le management a donc 5 à 8 ans pour déployer sa stratégie d’investissement. L’entreprise n’a pas à subir la pression du court terme et peut donc se projeter sur quelques années avant de retirer les bénéfices de ses investissements.
Moins de volatilité
En cas de chute des marchés, le Private Equity permet d’atténuer les fluctuations des marchés financiers. En effet, la valorisation de ce type d’investissement reste basée sur les ratios de gestion des entreprises (CA, EBITDA)… et non sur les résultats de la bourse. Moins corrélé aux mouvements boursiers, le Private Equity est donc moins volatile.
La question de la liquidité
Un investissement dans le Private Equity via un OPC est souvent soumis à un blocage des fonds pendant un temps déterminé. C’est un inconvénient associé au Private Equity. Nous considérons que le manque de liquidité est rendu nécessaire par la notion même de projet, pour permettre à l’entreprise de se développer, de créer de la valeur et au final une performance plus importante. Il existe donc également des arguments en faveur de l’illiquidité.
Enfin, pointons le développement du marché du Private Equity, plus riche et plus profond aujourd’hui. Grâce à cette profondeur de marché, il est possible d’organiser ou d’optimiser la liquidité dans le cadre de montages spécifiques. Ce sont évidemment des options que nous proposons à nos clients.
Côté clients justement, que recherchent-ils en investissant dans le Capital Investissement ?
Aujourd’hui, nos clients sont globalement à la recherche de sources / solutions de diversification, et le Private Equity en est une. Sur ce segment plus qu’un autre, ils expriment le besoin d’être bien accompagnés. Notre proposition d’audit préalable est donc primordiale. Parmi les éléments positifs qu’ils nous rapportent il y a la perspective de rendement du Private Equity. L’opportunité de liquidité optimisée est également un avantage.
Enfin, ils sont intéressés par les éléments aussi diversifiés que :
- Le travail sur la performance intrinsèque de l’entreprise, qui n’est pas faussé par la cotation boursière et la pression du court terme, qui poussent parfois à prendre les mauvaises décisions.
- La liquidité définie, paradoxalement. En effet, lorsque l’on ne maîtrise pas le momentum, on peut sortir au mauvais moment. Pas de risque à ce niveau-là !
- L’alignement des intérêts du gérant et des clients grâce à la règle du partage de la valeur.
- Investir dans des TPE et ETI non cotées de l’économie réelle a du sens, et cette recherche de sens est de plus en plus prégnante.
Qu’en est-il de la question du socialement responsable ?
Nous pourrions dire que le non coté est par définition socialement responsable. Les PME non cotées créent de la valeur, des emplois, du dynamisme économique, du rayonnement territorial… les arguments sont nombreux. Cela dit, le Private Equity n’échappe pas à la prise de conscience collective, et la prise en compte des critères ESG (Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance) est également un sujet dans l’analyse des sociétés à financer.
Le Label Relance contribue à ré orienter l’épargne vers les entreprises qui participent à la croissance économique et la relance de la France. Les fonds de Capital Investissement peuvent bénéficier de ce label, et plusieurs sociétés de gestion spécialisées dans le Private Equity l’ont déjà obtenu pour certains de leurs OPC.
Source : Olifan Group