Ces dernières semaines, les banquiers centraux européens ont multiplié les interventions pour décrire la nouvelle gestion du PEPP : initialement introduite dans les minutes du comité de politique monétaire de la mi-décembre 2020 (1), P. Lane a ensuite décrit les fondements de cette stratégie dans un discours fin février (2), et C. Lagarde a prolongé la pédagogie lors de la conférence de presse de la réunion de la BCE le 11 mars 2020 (3). Cette stratégie est présentée comme transitoire, le temps du PEPP. Cependant, nous pensons qu’elle pourrait être plus structurante et durable que suggérée par la BCE.
La BCE s’est définie un nouveau vocabulaire
Pour cette gestion monétaire, la BCE s’appuie sur des nouveaux éléments de langage :
- désormais, la BCE dispose d’une « boussole » (compass) à savoir les conditions de financement (financing conditions) ;
- ces « conditions de financement » (financing conditions) doivent être distinguées des « conditions financières » (financial conditions), notamment parce qu’elles excluent les évolutions des marchés actions et de la devise ;
- ces conditions de financement comportent des indicateurs sur l’amont du financement (upstream) et des indicateurs sur l’aval (downstream). L’amont correspond à des indicateurs de marché et l’aval, à des indicateurs sur le crédit et sur le comportement bancaire ;
- cette gestion monétaire ne relève absolument pas du « contrôle de la courbe des taux » (yield curve control) dans le sens où la BCE a une approche « holistique » (holistic) qui repose sur une multiplicité d’indicateurs ;
- l’objectif final, l’ancrage (anchor), est la stabilité des prix appréciée par l’inflation réalisée et les anticipations d’inflation à moyen/long terme.
Source : Groupama AM par Christophe Morel, Chef Economiste et Maryse Pogodzinski, Economiste