Politique : Dans la journée d’hier, la rumeur de l’annonce la semaine prochaine par le président Biden de la hausse de l’impôt sur les gains en capital a semé le trouble à Wall Street. En fait, la hausse de la taxe serait telle qu’affichée dans le programme du candidat Biden. Ainsi, la taxe serait presque doublée, passant à 43,4%, en incluant la taxe de 3,8% supplémentaire déjà en vigueur pour financer le programme Medicaire. Il est évident qu’il y aura une discussion difficile au Parlement sur ce sujet. A ce stade, il n’est pas certain qu’une hausse de l’ampleur envisagée soit passée. Néanmoins, cette hausse semble assez inéluctable et fait partie des propositions importantes de campagne afin de financer le plan de dépenses du président tout en poursuivant l’objectif de réduire les inégalités.
En Europe, comme anticipé la BCE a maintenu le statu quo quant à sa stratégie, et ce, malgré un léger plus grand optimisme sur les perspectives économiques grâce aux campagnes de vaccinations. Ainsi, le maintien d’une enveloppe plus importante d’achat de titres d’État à travers le PEPP a été maintenue. La consolidation des perspectives de croissance devrait surement conduire la BCE, en cours de trimestre, à adopter une approche plus flexible sur ses achats, tout en tentant d’éviter toute réaction trop brutale des taux longs. Un exercice qui ne sera pas simple.
Marchés : Comme on pouvait s’y attendre, la bourse américaine a répondu négativement aux rumeurs de hausse à venir de l’impôt sur les gains en capital sur la cession d’actifs. Par le passé, les hausses, plutôt rares sur les dernières décennies, de l’impôt sur les gains en capital se sont traduites par des ventes d’actifs, notamment des actions, afin de prendre de bénéfices avant la mise en place des taxes. Il est probable qu’un phénomène similaire puisse se produire, néanmoins il reste beaucoup d’incertitudes à élucider, notamment sur la date effective de mise en vigueur d’un tel impôt et surtout son ampleur. Néanmoins, la dynamique boursière restera essentiellement déterminée par le contexte économique et la stratégie de la banque centrale. En ce sens, les dernières statistiques américaines restent très bien orientées, avec notamment la poursuite de l’amélioration du marché de l’emploi, comme le montre la baisse des inscriptions hebdomadaire pour toucher l’indemnisation chômage qui a atteint le niveau les plus bas depuis le début de la crise.
Selon divers rapports de presse et des commentaires en provenance de la maison Blanche, le Président Biden devrait annoncer la semaine prochaine son intention de demander au Congrès une hausse très substantielle de l’impôt sur les gains en capital pour les hauts revenus. En effet, tel qu’inscrit dans son programme de campagne, le président devrait viser presque un doublement de cet l’impôt pour le porter à 43,4 %, en incluant la surtaxe de 3,8% introduite en 2013 par l’administration Obama pour financer le dispositif de l’Obamacare. Ce nouvel impôt toucherait les revenus au-dessus de 1 million de dollars et porterait sur les titres détenus depuis plus d’un an (ceux détenus sur moins d’un an sont déjà fortement taxés). Évidemment, le gros des recettes de cet impôt provient du 1% les plus fortunés.
Évidemment, non seulement l’annonce n’a pas encore été faite, mais il reste énormément d’incertitudes qui devront lever dans les mois de discussions sur cet impôt au Congrès. Tout d’abord sur l’ampleur. Il est peu probable à ce stade qu’une majorité se dégage, notamment au Sénat, pour une hausse de l’ampleur souhaité par le président. Aussi, la date à partir de laquelle la taxe s’appliquerait reste à définir. La plupart des observateurs ne voient pas celle-ci s’appliquer avant la deuxième partie de 2021 ou au plus tôt à partir de mai.
Sur l’ampleur de la hausse, il règne une grande incertitude, tout comme celle qui existe sur la hausse du taux d’imposition des sociétés que l’administration Biden voudrait porter à 28%. Un compromis sera donc trouvé. A ce stade, l’idée qui semble dominer est une hausse plus modérée autour de 30% pour les gains en capital.
Mais, ce qui semble inéluctable est une hausse de l’impôt. En effet, ceci est un élément crucial du programme du candidat, non seulement pour financer le plan de dépenses mais pour envoyer un message important à son électorat sur la réduction des inégalités. Il ne sera toutefois pas simple dans les débats parlementaires d’aligner complétement cet impôt avec celui de l’impôt sur les revenus pour les plus fortunés.
Pour les marchés, la nouvelle de la hausse d’impôts n’a évidemment pas été bien accueillie. Les indices américains reculant assez significativement. Cette évolution n’est pas une surprise. On verra comme les anticipations des contribuables américains vont s’ajuster à ce probable changement de la fiscalité, même si l’ampleur et l’entrée en vigueur d’une telle mesure n’est pas connue. De fait, les rares fois où de telles mesures ont été prises dans le passé, on a assisté à des prises de profits. Mais, il est plus que probable que ceci sera temporaire et les flux reviendront s’investir, notamment en bourse, faute de réelle alternative de rendement.
En fait, ce qui restera primordial pour la dynamique boursière est l’évolution de la conjoncture économique et évidemment le positionnement de la banque centrale. Pour l’instant, ces deux facteurs restent très favorables. Certes, compte tenu des valorisations et les excès inhérents aux politiques monétaires ultra accommodantes, on pourrait assister à plus de volatilité dans les trimestres à venir.
Pour l’instant, les statistiques américaines restent très favorables. L’indicateur avancé du Conference board pointe vers une accélération très significative de la croissance dans les mois à venir. De fait nous attendons à une progression du PIB qui pourrait dépasser les 10% (en rythme annualisé) au 2T21, alors que la croissance devrait être bien plus forte qu’attendu au 1T21.
Dans cette embellie, le marché de l’emploi jouera un rôle primordial. En effet, il dictera sûrement, en partie, le comportement d’épargne des ménages américains. En ce sens, la poursuite de la baisse des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage, même si elles restent élevées, montre une dynamique d’amélioration forte de l’emploi. On doit s’attendre à autre mois de très fortes créations d’emplois en mars avec une baisse conséquente du taux de chômage. Si cette dynamique se poursuit, Il est probable que le taux de chômage s’approchera des 4¨% vers la fin de l’année.
Source : La Banque Postale Asset Management
Pour aller plus loin : partagez vos interrogations ou vos connaissances sur ce sujet dans la FAQ FiBee