« Adapter le savoir économique aux réalités des marchés et s’affranchir de la dictature des indices »
François-Xavier Chauchat, Membre du comité d’investissement, économiste et stratégiste
Les marchés financiers mondiaux entrent dans une nouvelle phase marquée par la concrétisation du boom économique attendu, d’abord dans les pays anglo-saxons, puis en Europe d’ici quelques semaines. Que ce soit au niveau macro ou microéconomique, le niveau de diffusion de la reprise sera étroitement surveillé. Hors Chine, les pays émergents ont été affaiblis par une crise qu’ils ont moins les moyens de gérer, et certains sont conduits à remonter les taux d’intérêt (Brésil). Quant aux secteurs les plus affectés par l’épidémie, ils ont besoin d’une visibilité que les nouvelles sanitaires mettent parfois à mal. Pour ces raisons, la hausse des marchés des actions a été moins large depuis début mars, les valeurs stars (GAFA, etc.) jouant à nouveau un rôle de valeur refuge. Nous pensons que c’est probablement temporaire, le sens de l’histoire restant celui d’une emprise toujours moins forte du virus sur nos économies, et d’une diffusion très large de la croissance des bénéfices.
De son côté, la Réserve fédérale scrutera particulièrement la diffusion de la reprise économique à la situation de l’emploi. Elle ne se contentera pas de la baisse prévisible du taux de chômage. La Fed vise un redressement vigoureux, profond et durable du marché du travail. Elle veut tirer les leçons de l’expérience pré-Covid, quand ce qui ressemblait au plein emploi – un taux de chômage de 3,5% – n’empêchait pas l’inflation de demeurer en dessous de son objectif. La Fed veut un niveau de participation au marché du travail beaucoup plus élevé avant de commencer à évoquer une hausse de ses taux d’intérêt.
La bienveillance de la Fed porte un message fort et positif pour l’économie et les marchés financiers. Jerome Powell veut cependant éviter de créer les conditions d’un futur accident obligataire semblable à celui de mai 2013, quand Ben Bernanke avait annoncé une réduction surprise de ses achats d’actifs. La Fed prépare cette fois les marchés à cette prochaine étape, même si elle n’est pas encore d’actualité. Son attitude favorise le scénario d’une hausse progressive des taux réels à long terme d’ici la fin de l’année.
L’objectif de la Fed d’atteindre un véritable plein emploi trouve un écho forcement favorable auprès d’une administration américaine sont le discours est en rupture radicale avec les décennies précédentes, mais en phase avec le vent du monde. Joe Biden porte des ambitions environnementales et sociales qui pourraient avoir un impact important sur Corporate America : impôts, salaire minimum, re-syndicalisation, etc. Les investisseurs sont pour le moment plus sensibles au message positif de relance qu’aux risques pour les entreprises, d’autant que ces risques sont difficiles à quantifier. Selon nous, cependant, ce contexte renforce l’importance de la dimension gouvernance des entreprises comme critère de sélection, gouvernance qui doit permettre de mieux gérer la versatilité de l’environnement réglementaire, fiscal et sociétal. Dans nos fonds internationaux, un panier diversifié de sociétés reflétant le mieux nos exigences ISR répond à cet enjeu.
Source : Dorval Asset Management