Le contexte sanitaire
L’efficacité des vaccins ne fait plus de doutes. Dans les pays ayant vacciné massivement, la situation sanitaire s’améliore nettement et les cas sévères de Covid diminuent. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont un rythme de vaccination impressionnant avec plus de 4% de la population vaccinée chaque semaine. La campagne de vaccination européenne est toujours aussi lente, mais elle devrait s’accélérer franchement au cours du deuxième trimestre. L’UE ne pourra plus se cacher derrière l’excuse de capacités de production insuffisantes puisque selon McKinsey près de 14 milliards de doses pourraient être disponibles d’ici la fin d’année dans le monde.
Le contexte économique
Comme l’a confirmé récemment l’OCDE, la croissance mondiale continue d’accélérer mais c’est surtout le cas aux Etats-Unis. D’ailleurs, la croissance chinoise montre des signes de ralentissement et les surprises économiques du pays commencent à décevoir. Ce ralentissement observé est à nuancer car les statistiques officielles publiées le 15 mars montrent une accélération de la croissance de la production industrielle chinoise dépassant les attentes sur les deux premiers mois de l’année (+35,1% par rapport à la même période l’an dernier) ainsi qu’une belle progression des ventes au détail sur la même période (33,8% en rythme annuel).
La zone euro présente actuellement une grande résilience de son secteur manufacturier alors que l’activité dans les services tient relativement bien vu le contexte. Une fois que les restrictions sanitaires seront levées, il y aura un vrai potentiel de rattrapage grâce à un chômage toujours contenu et un excès d’épargne élevé.
Même si cela ne s’est pas répercuté dans les prix à la consommation, c’est un sujet qui a inquiété les investisseurs au cours du mois expliquant en partie la progression des taux longs aux Etats-Unis. Une progression qui pour le moment n’a pas impacté négativement le coût de financement des entreprises et des ménages ni les conditions financières.
L’économie américaine est tirée par un secteur manufacturier en pleine forme, mais surtout par la réouverture des secteurs directement impactés par les restrictions sanitaires : hôtellerie, loisirs, restaurants. L’ISM et le PMI des services accélèrent donc nettement. Ce niveau d’activité dans les services restera élevé dans les prochains mois avec une réouverture quasi-intégrale de l’économie d’ici l’été promise par Joe Biden. D’autant que la consommation sera soutenue par le plan de relance de 1900 Mds USD tout juste validé par la chambre et résolument destiné aux ménages. D’ailleurs, des craintes quant à une potentielle surchauffe de l’économie américaine se font jour avec des tensions sur les prix manifestes chez les entreprises et des délais de livraison qui s’allongent.
En Chine, le gouvernement souhaitait faire ralentir la machine économique et il y est parvenu. Depuis le début d’année le rythme de la croissance ralentit. Les PMI sont désormais proches du seuil délimitant l’expansion de la contraction. D’ailleurs, le Premier Ministre chinois s’est fixé un objectif de croissance supérieur à 6% pour cette année alors que les estimations des économistes oscillent autour de 8%. Cela reflète bien la volonté chinoise de ne pas laisser l’économie et les prix s’emballer.
Les tensions sur les taux d’intérêt viennent challenger les banques centrales : en effet, la hausse des taux longs, reflet d’une croissance et d’une inflation anticipée plus élevées, prouve l’efficacité des politiques monétaires accommodantes. Mais, en même temps, une remontée trop forte des taux impacterait négativement les conditions financières.
Conséquence directe de ce paradoxe, les banques centrales adoptent une communication ambivalente permettant aux taux de progresser sans toutefois décaler soudainement.
Les marchés financiers
La progression des taux réels a une autre vertu pour les banques centrales : permettre le dégonflement des valorisations (bulles ?) de certains segments des marchés financiers.
La corrélation entre taux d’intérêt long et actions a bondi au cours du mois impactant négativement les actions à duration longue et en premier lieu les valeurs de Croissance, la techno et autres thématiques d’investissement à la mode alors que la Value a surperformé nettement.
Cette rotation pourrait se prolonger le temps de retrouver des taux à 10 ans américains normalisés autour de 1.90%. Une fois ce mouvement réalisé, il nous semble que les marchés actions retrouveront des fondamentaux stabilisés et devraient être soutenus par une croissance des BPA importante, des valorisations relatives plus acceptables entre les différents segments de marchés, et des flux toujours aussi porteurs.
Enfin, les spreads de crédit continueront d’être résilients tant que les taux resteront sous contrôle.
Source : Auris Gestion